Alchimie
Le blé et la vigne, les 4 éléments alchimiques de base... et les autres.
Comment deux plantes peuvent représenter les quatre éléments alchimiques ? Tout d'abord rappelons que l'alchimie explique que tout est constitué de quatre éléments : le feu, l'air, l'eau et la terre. Bien entendu, il s'agit d'appellations génériques englobant ce qui a les mêmes caractéristiques sans parler de la composition chimique. Par exemple l'homme contient les quatre éléments, la terre son squelette, les muscles qui sont un mélange de terre et d'eau, l'eau constitue les humeurs liquides (salive, urines...), l'air qui entre dans nos poumons où il est partiellement dissout, le sang est intermédiaire, liquide en apparence, il transporte aussi bien les gaz que des déchets solides et le feu qui nous maintient en température.
Le blé est la verticalité incarnée, (le travail de l'apprenti est de trouver sa verticalité), aucune fioriture, il développe un puissant réseau de racines (déployées chaque brin mis bout à bout, les racines d'un seul épi peuvent atteindre 80 km !). L'ancrage à la terre est très puissant. Une fois sorti du sol, la plante n'occupe pratiquement pas de place, une longue tige d'environ un mètre (nous ne parlons pas de blés hybrides artificiels mais du blé naturel), les feuilles allongées sont plaquées contre la tige et se retournent vers la Terre dans leur partie sommitale. La tige est creuse et pleine d'air, les épis au sommet ont la forme de flammes. Le blé incarne l'air et le feu. Le grain de blé est sec et dur. La fleur de blé est réduite au strict minimum, pas de calice, de pétales, pistil apparent, ni parfum, ni nectar. La fécondation se passe des insectes, selon une forme de communion unique en son genre, quand la température est idéale (12°) et la luminosité satisfaisante, par un vent léger, simultanément, chacun des épis va émettre son pollen par les barbes. Il se forme un nuage qui divague sur le champ pendant un quart d'heure au maximum et toutes les "fleurs" sont fécondées. Le grain de blé tout d'abord mou et gélatineux va devenir dur et sec. Son tégument est jaune d'or, l'intérieur du grain est blanc immaculé. Une fois le grain mur, la plante se dessèche.
Le pied de vigne quant à lui va vivre et se développer sur plus d'un siècle. La vigne court à l'horizontale (comme le compagnon qui expérimente le niveau) ou monte naturellement peu sur les arbustes qui lui servent de support. Elle est tortueuse et produit des vrilles. Tout est courbes et spirales. La vigne est l'attachement à la terre, l'ancrage, sa racine peut descendre jusqu'à 15 m de profondeur dans le sol. Elle est avide d'eau. Si on taille un rameau de vigne au printemps, "il pleure" pendant des jours tant la pression en eau est intense chez la vigne. La vigne incarne donc la terre et l'eau.
La vigne utilise les insectes pour être pollinisée, mais ses fleurs sont petites (5 mm), en grappe et leurs corolles sont tournées vers la terre. Une fois fécondée, la fleur va produire un grain qui est dur et dense au début puis va grossir et se remplir de liquide et de sucre tout en devenant mou.
Le blé et la vigne correspondent au deuxième stade de l'oeuvre alchimique, la reconnaissance puis la réunion à égalité des quatre éléments.
Au stade suivant appelé ALKEAST, deux opérations sont à conduire : le broyage (du blé et du raisin) pour permettre la fermentation (autrement appelée putréfaction). La fermentation va modifier la nature des constituants de départ. Le pain est devenu feu et terre par la transformation liée à la cuisson, l'air a été chassé et remplacé par la terre. Le jus de raisin lors de la fermentation s'est séparé de la terre (dépôts de tartrates et de boues) et a incorporé l'air. Le pain est donc terre et feu, le vin eau et air.
L'ALKEAST combine les éléments deux à deux : terre et feu pour le pain (sel principe). Eau et air pour le vin (mercure principe). La communion qui associe le pain et le vin conduit à l'association air et feu (soulphre principe).
Le stade suivant AZOT (A, Z, Oméga, Tau) va consister à mélanger le pain et le vin dans le processus d'ingestion par la bouche et de digestion puis de diffusion dans le corps. Ils deviennent alors l'argent philosophique et l'or philosophique. Le but de l'alchimiste n'étant pas l'or, il reste une étape à franchir.
Ici l'oeuvre est pleinement au noir, la nigredo est terminée.
AZOT est la pleine connaissance de soi, A est la première lettre des 3 alphabets (A, Alpha, Aleph) et Z la dernière de notre alphabet, Oméga du grec, Tau de l'hébreu. Tout est connu du début à la fin.
L'oeuvre passe au blanc (albedo) par l'opération de fusion des deux métaux philosophiques, une fois la fusion réalisée, l'oeuvre passe au rouge (rubedo), la Lumière peut se déployer.
En ce joli jour, je vous souhaite de manger le pain et boire le vin en conscience pour y trouver la lumière, autant dire le meilleur.
Alchimie, de la nigredo à l'albedo
En alchimie, nous avons à nous positionner dans « le lieu où l’on veut ». De quel lieu parle-t-on ? Nous sommes sur un chemin initiatique, dans le cadre d’un travail spirituel. Il s’agit d’un endroit particulier qui n’est pas nécessairement à l’extérieur de nous. C’est le lieu intérieur de la rencontre avec la part la plus élevée de notre être. Le chemin est montré, mais l’accès n’est pas simplement donné, il faut travailler avec application et persévérance pour mériter d’y parvenir.
Qui est le sujet qui exprime une volonté ? Vu où nous sommes et où nous en sommes, la volonté n’est pas celle de l’intellect ou du mental. Ce n’est pas un caprice qui peut s’exprimer, ni l’ego, mais bien cette partie enfouie que nous sommes allés chercher, que nous avons déjà croisée. Il s’agit du Soi de la psychanalyse freudienne, du Sur-Moi de Jung, de la Supraconscience de Sri Aurobindo, de l’Esprit des mystiques du Livre.
C'est l’ouverture d’un espace sacré permanent en soi, l’accès à un niveau de conscience élevé. C’est le lieu dans lequel se situe en nous la volonté sublime d’incarner le Divin dans la matière, la source du désir au sens où l’entendait le philosophe inconnu Louis-Claude de Saint-Martin.
Louis-Claude de Saint-Martin a défini l’homme comme « homme de désir » en postulant que le moteur de toute action est un désir. Il propose de devenir spectateur du désir et non son serviteur. Au lieu de nous laisser mener systématiquement, inversons le sens du courant et observons la racine du désir. Elle conduit à la source de vie en nous qui vibre dans la glande pinéale. Ainsi pour lui, ce qui est important c’est de se connecter avec la source intérieure du désir, pas forcément de lui donner une issue. C’est une méthode de méditation qui peut conduire à des états de conscience très élevés.
En alchimie, nous dirions que la nigredo a atteint le point le plus bas, les palais fermés de la Reine et du Roi ont été visités. L’albedo va pouvoir se vivre en accédant aux palais ouverts du Roi et de la Reine. En effet depuis le début de notre démarche, nous sommes guidés vers nos ombres afin de les visiter et de les éclairer.
Nos ombres sont l’orgueil, la vanité, l’ignorance, l’égoïsme, l’avidité, l’impulsivité, la haine et la faiblesse qui alimente nos peurs. A des degrés différents et souvent hors de sa conscience égotique, chacun les porte en lui et est influencé par ses ombres. Il vit avec la culpabilité de les nourrir et la frustration de ne pas toujours les dépasser. Nous portons aussi la frustration de ne pas arriver à exprimer dans sa plénitude la beauté qui est en nous, la joie dont on sent qu’elle aimerait se manifester, ce partage, cette fusion que l’on sait possible mais qui se dérobe.
La fin de la nigredo offre la confrontation à la dernière part d’ombre enfouie, la confusion entre l’ego et le Soi, l’orgueil de croire que le mental pourrait être sublime. Que le « Je » serait ce petit « je » qui flotte comme un bouchon à la surface de l’eau tumultueuse d’un torrent, qui se met en colère, est jaloux, veut que sa propre volonté soit faite et a soif de toute-puissance.
Le travail spirituel consiste à reconnaitre la nature de ces « Je », et la présence des ombres en nous. La voie sèche propose, au lieu de suivre la morale chrétienne et de chercher à les éradiquer, les reconnaitre et d’accepter qu’elles font partie de nous. Certes nous n’en sommes pas fiers mais elles sont le porte greffe des vertus à développer que sont la bonté, la vérité, la sagesse, la justice, l’amour et au sommet l’humilité sincère et vraie (l’autre n’étant que vanité et ignorance).
Nos ombres sont des pierres grossières qu’il va falloir mesurer et sur lesquelles nous aurons à travailler pour leur donner la forme voulue. Elles sont nécessaires pour construire le Temple, ce serait une grave faute de rejeter la moindre de ces pierres brutes. Il existe une légende au cours de laquelle un tailleur présente sa pierre au chef de chantier. Cette pierre ne ressemble à aucune autre, aussi le chef de chantier réprimande le compagnon et ordonne de jeter cette pierre au rebut avec les déchets de taille. Au moment de finir la croisée d’ogives principale, il manque une pierre dont on voit qu’elle doit avoir une forme très différente de celle des autres pierres. Le chef de chantier se rappelle qu’il a déjà vu une pierre ayant ces caractéristiques et tout le monde recherche parmi les ordures cette pierre pour pouvoir terminer l’ouvrage.
Nos ombres sont nourries par la plus pure énergie de vie, lutter frontalement contre elles consiste à les renforcer ou à nous mutiler. Le travail spirituel est alors de constater les déviances conduisant à nos défauts et errements puis de souhaiter leur transformation. Nous devons rester en pleine conscience des processus qui se jouent sans quitter une posture de neutralité bienveillante envers nos propres efforts et échecs, comme on peut l’avoir avec un petit enfant qui apprend.
On n’arrive pas au but du premier coup, mais en gardant l’intention et en restant doux et maternel envers nous-même, des progrès sensibles vont se produire. L’éveil de la conscience peut être lent ou fulgurant, mais chaque pas, quelle que soit sa taille est irréversible. Il constitue un acquis sur lequel nous pourrons compter à l’avenir.
Pour rappel, selon les anciens, nous possédons trois corps, le corps physique, l’âme et l’esprit. « Mens sana in corpore sano. » disait Thalès : « Un esprit sain dans un corps sain. » Une vision juste pour exprimer que les travaux de l’esprit nécessitent de prendre soin du corps, à l’opposé de la vision médiévale qui méprisait le corps physique des hommes et plus encore celui des femmes.
Chaque corps se constitue et se développe selon la qualité de ce avec quoi on le nourrit. Le corps physique se construit et se renouvelle avec ce que nous mangeons, d’où l’intérêt d’avoir une alimentation de qualité excluant ce qui est nuisible à ce corps. L’âme se construit et se nourrit avec nos sentiments, pour cela les écoles initiatiques insistaient sur la nécessaire maîtrise des sentiments pour fortifier son âme. L’esprit se nourrit de nos pensées, bien entendu, la qualité de nos pensées et leur élévation avait selon les anciens un impact direct sur la qualité des manifestations de l’esprit. On comprend mieux les règles d’ascèse que les écoles initiatiques et les mouvements spirituels conseillent à leurs adeptes.
Le travail a constitué à accepter qu’il existe une part d’ombre en nous et chez les autres. Notre part se concrétise par nos peurs, peur de manquer, de ne pas être reconnu à la valeur que nous estimons de nous-même, peur de souffrir, peur d’être abandonné, peur de mourir. Elle se concrétise aussi par nos pulsions et nos colères. Lorsque nous voyons l’ombre tapie dans le comportement d’autrui, ne le confondons pas avec, faisons la part des choses et restons bienveillants. Ceci ne signifie pas d’accepter n’importe quoi, mais de tenir compte du fait que chacun a son histoire et voyons ce qui résonne en nous avec ce comportement. Nous serons plus à même d’indiquer qu’il est inapproprié à celui qui en est l’auteur en le respectant.
Toutes nos peurs se sont construites et installées en nous très tôt, elles constituent ce qui est appelé l’enfant intérieur. Cet enfant est blessé, il a mis en place des stratégies nombreuses pour cacher ses blessures ou les refouler pour arriver à vivre comme un adulte dans notre société qui ne veut pas le voir tel qu’il est. Ses carapaces sont l’orgueil, le mensonge, l’adoption de postures fausses. Au fond de lui il en a conscience et en souffre. L’ego se constitue en rempart et l’anesthésie avec la volonté de l’aider en l’enfonçant hélas davantage avec toutes ses turpitudes et manigances.
La nigredo est la période d’introspection qui va permettre à l’apprenti sincère que nous sommes d’aller à la rencontre des blessures de cet enfant, de les accepter, de les reconnaître comme siennes. D’éclairer ses zones d’ombre. Le travail ne sera pas de lutter et d’éradiquer ces « défauts » mais d’en accueillir les causes et de consoler puis aider à se relever l’enfant intérieur pour qu’il devienne un adulte sain, responsable de ses actes et de sa position, respectueux, humble et bienfaisant.
Grandir correspond à la définition de l’homme adulte selon Kant : « Minorité, c’est-à-dire incapacité de se servir de son entendement sans la direction d’autrui, minorité dont il est lui-même responsable puisque la cause en réside non dans un défaut de l’entendement mais dans un manque de décision et de courage de s’en servir sans la direction d’autrui. Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! »
S’il bénéficie d’un accompagnement bienveillant, celui qui traverse ce stade en est peu affecté, celui qui est seul ou mal guidé peut passer des moments difficiles qui s’éternisent et rester bloqué dans son développement spirituel. Tant que toutes le zones d’ombre n’ont pas été accueillies et éclairées, il est dangereux de s’engager dans l’albedo, des rechutes sont à prévoir, souvent elles sont d’une extrême violence.
Le point bas précédant l’ascension spirituelle nécessite de retrouver cet enfant en soi et le Christ, comme l’ensemble des maitres, l’a dit plusieurs fois à ses disciples :
Matthieu 19.14 « Et Jésus dit : Laissez les petits enfants, et ne les empêchez pas de venir à moi ; car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent. »
Marc 10.15 « Je vous le dis en vérité, quiconque ne recevra pas le royaume de Dieu comme un petit enfant n'y entrera point. »
L’albedo va conduire cet enfant près du sein maternel, qui est alchimiquement représenté par la Vierge à l’enfant, la plus sublime représentation de cet instant est la Vierge allaitant cet enfant. Il s’agit de l’expression de l’accueil du principe féminin en nous, ouvrant la voie vers les étapes suivantes. En effet, cette Vierge est notre pôle féminin qui doit s’exprimer pleinement pour l’accomplissement de l’œuvre, pour qu’ait lieu la fécondation avec notre principe masculin qui se produira plus loin sur le chemin. L’homme en chemin découvre alors le plaisir de la douceur et accepte qu’elle s’exprime, mais pour l'instant nous n’irons pas plus loin.
Comme nous venons de le voir, la nigredo a consisté à descendre profond en nous, à analyser nos pulsions, nos traits de caractère pour y reconnaître nos ombres. Il y a là des moments difficiles pouvant conduire jusqu’à une forme de détestation de soi. Vient maintenant le temps de la construction du Grand Oeuvre. Il s’agit d’une construction symbolique. Il y a un plan à exécuter. Nous avons constaté la présence de nos ombres, mais aussi et heureusement, celle de notre propre lumière, cette lampe alimentée par l’équilibre entre nos deux polarités, masculine et féminine.
Parce qu’il ne peut y avoir d’ombre si aucune lumière ne vient la révéler, la découverte de nos ombres nous confirme la présence de la lumière en nous. Notre vision de la Vérité s’approche de celle de Spinoza, « Certes, comme la lumière se fait connaître elle-même et fait connaître les ténèbres, la vérité est norme d'elle-même et du faux », elle devient un état factuel de la matière, y compris spirituelle.
Les symboles vont parler et devenir simples et clairs à comprendre, sans mot inutile, sans filtre, la Sagesse, la Justice, l’Amour, la Bonté et la Vérité vont devenir accessibles et constituer un mode de vie. L’Humilité et la Bienveillance envers soi et envers les autres vont permettre à l’être de d’épanouir pour avancer dans les mystères de la connaissance. La plénitude n’est pas encore là, il reste un long chemin à parcourir mais les fondamentaux sont installés et à l’œuvre.
En ce joli jour, je vous souhaite d'entrer dans le domaine de l'albedo, autant dire le meilleur
Magie ou réintégration, le choix de l’alchimiste
Nous avons ici depuis des mois bien nourri notre mental. Il est temps de commencer à s’intéresser à l’action, à la mise en œuvre des processus. Agissons maintenant sur la matière, sur notre matière.
Le concept de magie naturelle repose sur le constat que les actions de l’homme ou leurs pensées sont magiques. Notre ego est en permanence dans la magie. Il veut imposer ses vues aux autres et même à la nature. La volonté si on analyse les processus qu’elle utilise est dans la confrontation de puissance et son outil principal est la magie.
On attend aussi toujours la pensée magique qui résout les problèmes, la pilule magique qui guérit instantanément, l’aliment magique qui donne force et vigueur. L’inefficacité de notre magie est la résultante de la dispersion de nos demandes car nous voulons tout à la fois et changeons en permanence d’objectif sans attendre le résultat des actions engagées.
La magie opérative est l’expression d’une prise de pouvoir sur la nature et sur les êtres afin qu’ils obéissent à notre volonté. En cela elle nous éloigne de notre être intérieur en nous poussant à asservir le monde qui nous entoure et à le régenter. Nos relations avec le monde extérieur n’ont de sens que pour nous conduire à la connaissance de notre Soi. Le reste est pur gaspillage.
Le travail le plus intense et positif qui puisse être réalisé pour notre élévation sur cette terre est de se poser et d’entrer en contact avec notre être intérieur. Notre objectif est la réintégration. Martinez de Pasqually et bien d’autres l’ont prescrit. Le but de l’homme est de remonter à la source de ses désirs au lieu de chercher par des processus magiques à les assouvir comme notre éducation cherche à nous faire croire que c’est le but de la vie. Entrer en contact avec cette source, c’est l’objectif pour l’homme de désir que décrit Louis Claude de Saint Martin. Laissez-vous conduire à la rencontre de cette source qui n’est autre que la source de vie.
La réintégration est le résultat du processus de fusion de l’ego avec l’atome-germe, le Soi profond, le point d’entrée du flux de vie qui réside et s’écoule en nous. La solution n’est pas en dehors de notre corps, aux confins de l’espace. Elle est là, dans le silence de l’ego et du mental son outil, dans la juste paix du respect de son être profond, dans la calme respiration en ce lieu du repos intérieur. Dans l’amour du Soi (et non de soi).
Dans ces moments privilégiés, la pulsation est toujours là, sa petite musique peut parfois nous devenir perceptible. Elle est le lien sacré, secret et unique à la pulsion de vie, à ce que peut être la divinité. Dans le calme intérieur, écoutez le flux et le reflux du sang dans le cœur et les poumons. Laissez-vous guider par votre désir de paix intérieure, par cette jubilation qu’elle provoque. Abandonnez la volonté de dominer de monde et la magie qui la soutient. Le temps n'est plus à la magie, visez la réintégration, redevenez vous-même.
En ce joli jour, je vous souhaite de vous poser un instant en vous et d’y trouver cette qualité de paix, ce contact, autant dire le meilleur.
Le vitriol, allégorie alchimique, la voie de l'art royal
Tripied décrit "Le vitriol philosophique" : "Il existe deux vitriols, ou plutôt le vitriol peut se présenter sous deux formes : le vitriol pur et le vitriol impur ou grossier..." Souhaitant transmettre un enseignement sans le divulguer, les alchimistes ont développé un double langage ayant un sens littéral fumeux et peu cohérent : "hermétique" et un autre qui consiste à rappeler la méthode à celui qui la connait sans que cette présentation ne soit accessible à ceux à qui elle n'est pas destinée. Pourquoi cette volonté de secret, ces mystères ? Parce qu'à l'époque, à de rares exceptions près, on réservait le travail spirituel à ceux qui étaient capables de se retirer de la société pour s'y consacrer pleinement. On couvrait de voiles les enseignements pour égarer ceux à qui ils n'étaient pas destinés. Le travail spirituel a été couvert par les sciences dites occultes, dont le contenu est caché. Appliquer sans recul les recettes des manuels d'alchimie conduit à perdre beaucoup de temps en passant à côté de l'essentiel qui est que la matière à transformer est celle de l'opérateur et que l'athanor c'est lui.
Il faut chauffer longuement et avec patience cette matière pour la transformer, ni trop chaud, ni pas assez, en permanence. La chaleur dont on parle, c'est bien entendu l'amour désintéressé, la chaleur du cœur, il ne s'agit pas d'un procédé de chauffage. On demande à l'adepte d'être constant dans son amour pour les autres êtres, de ne pas se laisser perturber par les évènements.
Il est dit que la matière doit être confrontée au vitriol. Pour les chimistes, le vitriol n'est autre que l'acide sulfurique qui est très corrosif. Étymologiquement vitriol signifierait : "qui rend vitreux". N'allez pas mettre à tremper quelque matière dans l'acide sulfurique puis en chauffant espérer en tirer de l'or. En fait vitriol est le résumé de tout le processus alchimique. Après avoir été longtemps mise en contact avec le vitriol et convenablement chauffée, la matière produira le mercure philosophique. N'imaginez pas ici qu'il s'agit du métal, c'est encore une allégorie.
VITRIOL signifie : "Visita Interiora Terrae Rectificando Invenies Occultum Lapidem", en français : "explore l'intérieur de la terre en distillant tu découvriras la pierre cachée."
Cela signifie que celui qui se lance dans ce travail de transformation doit explorer les moindres recoins de sa personnalité, de son être (sa terre). Alors il va distiller, c'est à dire passer par "solve et coagula" : évaporer et condenser. Cette opération consiste à voir sans jugement nos travers, à lire en eux la part la plus sublime la pulsion de vie et les mécanismes que nous avons mis en place pour la dévoyer afin d'essayer de la stocker en nous de ne pas la perdre, ce qui est impossible et ne produit que du trouble. Ce travail d'introspection doit être fait avec bienveillance pour produire des effets positifs sinon il conduit à la culpabilité et à la dépression, voire même à la folie. Alors apparaît la pierre cachée, la pierre philosophale, la Chrysopée qui s'abrite dans notre cœur, ce chakra vert émeraude (la coupe du Graal). Le cœur épuré des jugements et de l'emprise de l'ego ou du mental peut recevoir symboliquement le sang du Christ, manifester sa sainteté. On a alors atteint le stade du mercure philosophique. Mercure est ce dieu grec ailé, messager des autres dieux et libre de toutes les contraintes.
Voilà, fin du mystère, le travail alchimique est un long travail d'introspection durant lequel nous devons regarder et accueillir toutes nos faiblesses, tous nos défauts, cesser de les nourrir et de les renforcer en arrêtant de lutter contre eux. En comprenant pourquoi nous les avons construits. Notre motivation était de protéger la vie, de la garder en nous par peur de la perdre. Une fois ce stade passé, la qualité de notre vie change, nous ne nous regardons plus pareil nous ne regardons plus les autres pareil. Nous avons alors trouvé l'élixir de vie éternelle. Cet élixir n'a pas la propriété de faire durer éternellement notre vie dans cette enveloppe terrestre. Il symbolise cette qualité de vie qui accueille en permanence la joie provenant de la reconnaissance de la vie qui s'écoule librement en nous pour notre plus grand bien et pour celui des autres. L'éternité est une posture, une sensation, une relation à la pulsion de vie, pas une durée. Parfois, la vie nous offre ce sublime cadeau d'être conscients de sa beauté infinie, de sa présence permanente, de cet amour sublime et inconditionnel. Tout le reste n'est qu'illusion et perte de temps.
Je vous souhaite de vivre ces instants d'éternité, autant dire le meilleur.
Alchimie 5 : les magies
Selon certains l'alchimie fait appel à la magie, pourquoi pas, il nécessaire alors d'apporter quelques précisions au sujet de la magie. On entend communément parler de pratiques de magie noire, mais aussi de son opposé, la magie blanche. Ayant en commun le mot magie, tout porte à penser qu'il s'agit de la même chose, des mêmes pratiques mais orientées différemment. On dit souvent que la magie blanche est dirigée vers le bien, la noire vers le mal. C'est vrai, mais ces deux magies ne sont pas de la même nature. Je ne parlerai ici que de la magie blanche, l'autre ne m'intéressant pas. La magie blanche n'a qu'un seul champ d'action, notre propre compréhension et apprendre à recevoir le flux d'amour universel en conscience pour le propager alentour. Voilà le tour est fait. Pas d'invocation, pas de pacte, pas de promesse, pas de volonté de changer les autres, de s'en protéger ou de les attaquer, pas de commerce avec des entités extérieures, sinon, ce n'est pas de la magie blanche.
Le moyen de reconnaître un étudiant sincère, c'est dans sa manière de respecter l'intégrité des des autres. Son champ de transformation est sa propre matière, pas celle des autres. L'apprenti sorcier est dangereux pour lui et pour les autres car il se croit autorisé à intervenir, dans ce cas, il n'y a que l'orgueil aux commandes. La limite de l'intervention réside dans une aide à l'éveil de la consciences des autres dans la limite où ils sont en demande. Qui sommes nous pour prétendre imposer des choix de vie aux autres ? Il y a bien des guides sur le chemin, mais ils éclairent le chemin et l'apprenti décide seul d'avancer ou pas. Le guide n'est pas là pour le juger ni même lui dire d'avancer, il respecte profondément son libre arbitre. Il est essentiel de laisser les autres traverser les expériences qui sont là pour eux. Notre rôle doit se limiter à être secourable, mais certainement pas à supprimer l'épreuve ou même la douleur qui sont des forces de transformation formidables. Il s'agit de compassion, pas d'intervention. Nous n'avons pas à corriger les évènements mais à les traverser en gardant notre cap, notre objectif de recevoir et manifester le flux d'amour universel en conscience. Le reste, la volonté de dominer et d'intervenir est l'autre magie. Elle est néfaste pour tous et elle ne provoque que haine et souffrance à court terme.
L'amour dont il est question en alchimie est la seule vrai manifestation de la magie blanche. Il est inconditionnel, c'est à dire qu'il n'attend pas de retour, mais aussi qu'il ne s'impose pas. Il est tellement élevé et pur qu'il accepte sans colère ni frustration d'être rejeté par celui qui n'est pas prêt à le recevoir. Souvent ceux qui parlement de magie blanche pratiquent une magie "grise", c'est à dire noire avec de beaux habits. Pour être certain de ne pas se tromper, ne pratiquons aucune magie, consacrons nous à l'amour, le recevoir, le donner encore et encore.
Je vous souhaite d'éveiller votre conscience à ce flux d'amour qui vous traverse en permanence, autant dire que je vous souhaite le meilleur.