Le blé et la vigne, les 4 éléments alchimiques de base... et les autres.
Comment deux plantes peuvent représenter les quatre éléments alchimiques ? Tout d'abord rappelons que l'alchimie explique que tout est constitué de quatre éléments : le feu, l'air, l'eau et la terre. Bien entendu, il s'agit d'appellations génériques englobant ce qui a les mêmes caractéristiques sans parler de la composition chimique. Par exemple l'homme contient les quatre éléments, la terre son squelette, les muscles qui sont un mélange de terre et d'eau, l'eau constitue les humeurs liquides (salive, urines...), l'air qui entre dans nos poumons où il est partiellement dissout, le sang est intermédiaire, liquide en apparence, il transporte aussi bien les gaz que des déchets solides et le feu qui nous maintient en température.
Le blé est la verticalité incarnée, (le travail de l'apprenti est de trouver sa verticalité), aucune fioriture, il développe un puissant réseau de racines (déployées chaque brin mis bout à bout, les racines d'un seul épi peuvent atteindre 80 km !). L'ancrage à la terre est très puissant. Une fois sorti du sol, la plante n'occupe pratiquement pas de place, une longue tige d'environ un mètre (nous ne parlons pas de blés hybrides artificiels mais du blé naturel), les feuilles allongées sont plaquées contre la tige et se retournent vers la Terre dans leur partie sommitale. La tige est creuse et pleine d'air, les épis au sommet ont la forme de flammes. Le blé incarne l'air et le feu. Le grain de blé est sec et dur. La fleur de blé est réduite au strict minimum, pas de calice, de pétales, pistil apparent, ni parfum, ni nectar. La fécondation se passe des insectes, selon une forme de communion unique en son genre, quand la température est idéale (12°) et la luminosité satisfaisante, par un vent léger, simultanément, chacun des épis va émettre son pollen par les barbes. Il se forme un nuage qui divague sur le champ pendant un quart d'heure au maximum et toutes les "fleurs" sont fécondées. Le grain de blé tout d'abord mou et gélatineux va devenir dur et sec. Son tégument est jaune d'or, l'intérieur du grain est blanc immaculé. Une fois le grain mur, la plante se dessèche.
Le pied de vigne quant à lui va vivre et se développer sur plus d'un siècle. La vigne court à l'horizontale (comme le compagnon qui expérimente le niveau) ou monte naturellement peu sur les arbustes qui lui servent de support. Elle est tortueuse et produit des vrilles. Tout est courbes et spirales. La vigne est l'attachement à la terre, l'ancrage, sa racine peut descendre jusqu'à 15 m de profondeur dans le sol. Elle est avide d'eau. Si on taille un rameau de vigne au printemps, "il pleure" pendant des jours tant la pression en eau est intense chez la vigne. La vigne incarne donc la terre et l'eau.
La vigne utilise les insectes pour être pollinisée, mais ses fleurs sont petites (5 mm), en grappe et leurs corolles sont tournées vers la terre. Une fois fécondée, la fleur va produire un grain qui est dur et dense au début puis va grossir et se remplir de liquide et de sucre tout en devenant mou.
Le blé et la vigne correspondent au deuxième stade de l'oeuvre alchimique, la reconnaissance puis la réunion à égalité des quatre éléments.
Au stade suivant appelé ALKEAST, deux opérations sont à conduire : le broyage (du blé et du raisin) pour permettre la fermentation (autrement appelée putréfaction). La fermentation va modifier la nature des constituants de départ. Le pain est devenu feu et terre par la transformation liée à la cuisson, l'air a été chassé et remplacé par la terre. Le jus de raisin lors de la fermentation s'est séparé de la terre (dépôts de tartrates et de boues) et a incorporé l'air. Le pain est donc terre et feu, le vin eau et air.
L'ALKEAST combine les éléments deux à deux : terre et feu pour le pain (sel principe). Eau et air pour le vin (mercure principe). La communion qui associe le pain et le vin conduit à l'association air et feu (soulphre principe).
Le stade suivant AZOT (A, Z, Oméga, Tau) va consister à mélanger le pain et le vin dans le processus d'ingestion par la bouche et de digestion puis de diffusion dans le corps. Ils deviennent alors l'argent philosophique et l'or philosophique. Le but de l'alchimiste n'étant pas l'or, il reste une étape à franchir.
Ici l'oeuvre est pleinement au noir, la nigredo est terminée.
AZOT est la pleine connaissance de soi, A est la première lettre des 3 alphabets (A, Alpha, Aleph) et Z la dernière de notre alphabet, Oméga du grec, Tau de l'hébreu. Tout est connu du début à la fin.
L'oeuvre passe au blanc (albedo) par l'opération de fusion des deux métaux philosophiques, une fois la fusion réalisée, l'oeuvre passe au rouge (rubedo), la Lumière peut se déployer.
En ce joli jour, je vous souhaite de manger le pain et boire le vin en conscience pour y trouver la lumière, autant dire le meilleur.
A découvrir aussi
- L'alchimie, chimère ou méthode exceptionnellement efficace de transformation ?
- L'alchimie, suite 1
- L'alchimie 4 : toujours plus d'amour
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 28 autres membres