albarede

albarede

L'alchimie, chimère ou méthode exceptionnellement efficace de transformation ?

L’alchimie est née il y a bien longtemps. Les enseignements grecs y font référence comme étant une science ancienne. On reconnaît sa symbolique dans les bas-reliefs égyptiens. On prête aux mésopotamiens de s'y être adonnés. Elle a son heure de gloire en Europe lors de l'édification des cathédrales et jusqu'à la renaissance, ce sera une science à part entière. Le premier écrit alchimique "certifié" est la Table d’Émeraude attribuée à Hermès Trismégiste. Elle présente la force forte de toutes les forces : la pulsion de vie.

Le but recherché par le Grand Œuvre est triple :  au moyen de la pierre philosophale (la Chrysopée), transmuter le plomb en or, produire l’Élixir de vie, réaliser la Réintégration (tiens trois buts pour un trismégiste). Le premier but est universellement connu et a nourri un important imaginaire lié à l'idée de s'enrichir par des procédés plus ou moins "sulfureux". Le second beaucoup moins connu n'a pas passionné les foules, le troisième est passé inaperçu.

La Table d’Émeraude renseigne sur le côté subtil et symbolique de l'alchimie, il ne s'agit en fait pas de triturer et faire cuire on ne sait quel mélange. Le sujet vrai n'est pas là, c'est une allégorie.

La science hermétiste (qui vient d'Hermès) prend l'homme comme laboratoire, c'est l'opérateur lui-même qui est l'Athanor dans lequel sont placés les ingrédients qu'il va falloir transformer. On part du plomb de l'ego qui est terne et qui alourdit tout pour aller vers l'or de l'esprit manifesté qui irradie de lumière et de joie. C'est le travail de transformation de l'individu pour le conduire à l'illumination primordiale. Instant fugace, état de conscience et d'être difficile à conserver. Ce processus n'obéit qu'à lui-même, il est strictement indépendant de notre volonté, ou plutôt de la volonté ordinaire de notre ego.

Le premier stade de la transformation alchimique est celui de la putréfaction. Symboliquement il concrétise une phase de détestation de soi, de dégout pour sa propre image. Il se présente à l'adolescence à la fin du processus de différenciation, juste avant l'entrée dans le monde des adultes. Souvent ce passage est mal vécu. Ce mal vivre est lié à la prise de conscience des incohérences et des mensonges incessants des adultes, de leurs compromissions et de l'abandon de leurs idéaux dans la majorité des cas. Il y a aussi un constat d'impuissance et la peur de se voir devenir "comme les autres". Souvent l'ego traverse cette période en habillant la réalité de mensonges, en réécrivant l'histoire pour la rendre acceptable dans une fuite permanente qui ne trompe pas l'être intérieur.

Le processus de putréfaction rattrape régulièrement les adultes qui lui ont échappé. Il va tenter de s'initier régulièrement. Et c'est le pressentiment de cette rencontre avec sa propre image dégradée qui tient celui qui est dominé par son ego à l'écart du chemin. Il s'impose à eux lorsqu'ils souhaitent trouver la paix face à leur propre conscience. Il est facile de mentir aux autres, mais à soi...

La souffrance qui en découle n'a pour origine que notre propre jugement, notre manque de bienveillance envers nous-même. Ce rejet de soi n'est en fait qu'un rejet de la bassesse de certains de nos actes ou de nos pensées. La traversée de la période de putréfaction prendra fin lorsque nous aurons enfin mis en place un regard à la fois neutre et bienveillant sur nos turpitudes. Alors nous pouvons entamer le travail de réconciliation avec nous, envisager les retrouvailles avec la belle personne qui est en chacun et qui n'attend que l'autorisation de s'exprimer dans sa plénitude.

En ce premier jour du printemps régénérant et plein de vie, je vous souhaite le meilleur

 



29/03/2016
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 28 autres membres