L'alchimie, suite 1
L'alchimie ne s'est pas développée en Europe au moyen âge par hasard. Elle est un reliquat des invasions arabes qui sont venus avec cette science qui jusque là n'avait que peu d'adeptes ici. Elle a été également rencontrée lors des croisades, d'où de nombreuses légendes sur la mystérieuse fortune des Templiers dont l'ordre est né à Saint Jean d'Acre. L'alchimie était porteuse de la promesse de combler toutes les attentes des hommes de l'époque : leur donner la fortune grâce à la transmutation du plomb en or, leur donner santé et vie éternelle au moyen de l'élixir de longue vie et enfin d'obtenir un lien privilégié avec Dieu grâce à la réintégration.
L'alchimie est la fille de la Kabbale, l'empilement des triangles alchimiques conduit à la construction de l'arbre séphirotique. La réintégration à l'Aïn Soph Aour qui est au-dessus de l'arbre. Il s'agit de la même science, leurs codes sont proches et leur but identique : la transformation de l'homme. Ces sciences ne devaient pas être accessibles aux profanes, elles étaient consciencieusement voilées, "hermétiquement" protégées.
L'humanité a été cependant durant ces siècles préparée à leur révélation. Tout ce qui fait la culture, les contes, les tableaux, la musique a pendant de longs siècles essentiellement servi à transmettre ces connaissances, y compris parmi les œuvres profanes. Par exemple, les quatre saisons d'Antonio Vivaldi ou les Heures du jour de Georg Phillip Telemann sont des leçons alchimiques de par leur construction et par les thèmes abordés. Dans les quatre saisons, Vivaldi développe les quatre qualités élémentaires alchimiques (provenant des éléments) : le froid, l'humide, le sec et le chaud. Il présente aussi les éléments : air, eau, terre, feu puis les quatre tempéraments alchimiques : sanguin, bilieux, nerveux et lymphatique. Dans chaque saison, il combine les éléments deux à deux, par exemple l'été l'orage associe l'air (vent) et l'eau (pluie) puis le feu à la terre au moyen du tonnerre et de la foudre (on aperçoit là le tempérament sanguin). C'est une musique très naturaliste et descriptive qui est un support d'enseignement, comme une Vanité (tableau d'un crâne avec une rose et un dé) est un support d'enseignement. Il ne faut pas oublier que ces enseignements ont dû traverser la période de l'inquisition et que souvent les princes ont pourchassé et voulu anéantir ceux qui s'adonnaient aux pratiques spirituelles, d'où pour eux la nécessité de transmettre leurs connaissances au-travers d’œuvres ou d'objets ayant un double sens, le sens profane et le sens mystique ou occulte. Ainsi, une écoute éclairée des quatre saisons (ou des heures du jour), est un véritable manuel d'enseignement, un support de méditation, de visualisation qui décrit les processus de transformation alchimique du caractère humain..
Comme la Kabbale, l'alchimie commence avec un grand principe qui engendre une première série de quatre principes : le tétragrammaton (Iod Hé Vau Hé) pour l'une, les quatre éléments pour les alchimistes, les quatre évangiles pour les chrétiens. Le deuxième niveau est manifesté par le nombre 12, zodiaque, mois de l'année solaire, apôtres, séphiras (même si on parle de 10 ou 11 seulement), travaux d'Hercule...
Tout ceci est compliqué à l'envi. Le but est d'égarer celui qui n'est pas guidé et n'a pas accès au sens second de toutes ce allégories. C'est une grande perte de temps et d'énergie que de se lancer seul dans des travaux alchimiques ou à l'assaut de la Kabbale. Le tout pour produire des résultats bien maigres et décevants. C'est un piège tendu à notre ego qui s'y engouffre et se régale de cette complexité. Pourtant, le chemin alchimique est simple, à condition de comprendre que rien ne se passe à l'extérieur de celui qui se lance dans l'aventure de la transmutation. Il s'agit d'identifier son plomb intérieur, tout ce qui nous alourdit, nos préjugés, notre bêtise, nos tics et manies, notre peur de perdre et au-dessus de tout notre orgueil. La voilà la matière à transmuter. Comment ? En se plaçant en témoin bienveillant mais non complaisant de nos petites combines. La Chrysopée ou Pierre Philosophale n'est rien d'autre que notre conscience éveillée qui laisse notre être profond mener notre vie, nous guider. Le travail de long chauffage à feu doux de l'athanor correspond au long travail de transformation de notre caractère, de l'orientation que nous donnons à la pulsion de vie. Car contrairement à ce qui est dit actuellement, il n'existe au départ de toute action que la pulsion de vie, dans toutes les situations.
En ces temps où débute une profonde transformation de notre société, je vous souhaite le meilleur.
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