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Ouverture et vision de soi

Prisonnier invite modestement à emprunter un chemin ou à poser un regard sur le chemin de vie et son but. Cette histoire peut enthousiasmer ou agacer. Le lecteur réagit d’où il est, en fonction de ce qu’il a parcouru, il peut sourire, s’émouvoir ou être en colère de ce qui arrive au héros.

Pierre est confronté à ses propres peurs et à ses faiblesses. Le regard est sans complaisance car la complaisance n’a pas sa place si on veut avancer. Il y a un désagrément certain pour le lecteur qui aura tendance à s’identifier à Pierre de voir si peu récompensés la plupart des efforts de ce pauvre individu si sévèrement maltraité par ailleurs.

Ce que traverse Pierre dans des conditions extrêmes, nous avons tous à le traverser. Dans la très grande majorité des cas, la vie est plus tendre avec nous. Nous avons droit de ne pas aller au but, de flâner en route. Nous perdons notre temps, un temps précieux dans la rare chance qui nous est donnée de disposer d’une incarnation. La finalité est tellement mieux, tellement plus belle que nos plus beaux rêves et en réalité tellement plus accessible, que nos enfantillages sont tolérés et regardés comme tels.

Bien entendu, il est mieux de se mettre en chemin, de ne plus jouer au petit chaperon rouge ou à Pinocchio, en suivant les aspirations de nos désirs immédiats. Chacun avance à son rythme et fait les détours qui sont nécessaires à son édification.  Le chemin vers la communion avec son être intérieur demeure la seule voie, l’unique solution.

Dans le cas de Pierre, les évènements font qu’il perd le contrôle. La vie le prend en charge et le pousse sur un chemin que son ego n’avait pas souhaité emprunter. Question de karma ? Certainement et c’est cette perte de maîtrise qui effraie le plus nos propres egos. Nous voulons diriger notre vie et parfois aussi celle des autres selon notre volonté.  Nous avons la conviction que nous sommes forcément compétents pour savoir ce qui est bon pour nous. C’est ce que dit par exemple l’ego d’un fumeur, pas ses poumons, ni sa gorge, sa langue, ses artères, son foie, son cœur…

L’aventure de Pierre est pour chacun une invitation à se projeter dans son propre cheminement. Ici et là tout au long de son parcours, l’ouvrage propose des miroirs dans lesquels on peut se regarder. L’image est floue ou décevante, au contraire nette et encourageante, c’est parfois du lecteur chez qui elle déclenche un écho qu’elle parle. Le personnage est volontairement présenté avec des traits forcés, comme ce qu’il vit pour produire un effet de zoom.  Il ne réussit pas tout du premier coup et il revient à la charge même après des échecs cuisants.

Combien d’essais, combien de chutes avant que l’athlète passe la barre. Et comme lui, toujours, on trouve sa limite, même le plus grand champion va rencontrer une hauteur qu’il ne passe pas. Que ce soit ses limites physiques ou l’idée qu’il s’en fait, le plus grand sauteur en hauteur ne dépassera pas une hauteur donnée quelle que soit sa forme ou sa technique.

S’il y a un message à retenir pour dépasser notre subjectivité : Nier nos limites est inepte, ne pas les tester et s’avouer vaincu avant d’avoir essayé ou au premier échec l’est tout autant.



05/08/2015
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