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Le miroir

Lors de notre développement, enfants, nous traversons un stade dit « du miroir » le jour où nous comprenons que l’image du personnage qui nous regarde en face nous représente. Elle n’a pas d’existence propre, elle est un reflet. Ce n’est pas nous, c’est notre image. Il semblerait que le chat ne passe jamais ce stade. Au mieux il finit par être indifférent à cet individu situé de l’autre côté du miroir qui n’a pas d’odeur et reste dans son monde sans venir empiéter sur le territoire du chat.

Pour l’humain, il n’y a pas que des miroirs de verre ou de métal poli. Tout ce qui vit et nous entoure est un miroir pour lui. En ce sens Bouddha a raison en affirmant que le monde est une illusion, que les autres sont des illusions, ils ne sont que ce que nous projetons sur eux. Oui, il est possible d’affirmer que nous ne voyons du monde que ce que nous attendons de lui. Il en est de même pour les humains. Ils n’offrent dans leur relation à nous que ce que nous préparons comme conditions pour qu’ils agissent envers nous. Pour donner une image, disons que lorsque nous sommes dans l’obscurité d’une cave, munis d’une lampe de poche nous ne voyons que ce qui est dans le faisceau de la lampe. Une fois le faisceau passé, ce qui était visible est de nouveau absorbé par l’obscurité et ne nous apparaît plus. Bref, nous ne voyons que ce que nous éclairons, que ce sur quoi nous portons notre attention. Il en est de même dans notre relation aux autres, nous ne voyons en eux que ce que nous y cherchons, que ce que nous y projetons. Si nous anticipons des défauts nous les trouverons, si nous cherchons le divin, nous le trouverons.

Loin de nous déconnecter de la réalité, cette position nous rend pleinement responsables de tout ce qui nous arrive sans exception aucune. Ce que nous vivons est la conséquence logique de nos actes et pensées. Cette loi est implacable nous sommes chacun de nous l’unique responsable de ce qui nous arrive. Rejeter une quelconque responsabilité sur les autres nous prive du moyen de résoudre toute situation problématique. En effet, ils n’ont été que l’instrument de l’accomplissement de ce que nous avons provoqué, des conditions que nous avons créées et entretenues conduisant à cette situation. Allons plus avant, dans les relations humaines et sociales, nous affectons des rôles et des positions aux autres et nous les y enfermons autant que possible. Tout va bien tant qu’ils s’y conforment et restent dans le cadre que nous avons établi pour eux. Si par hasard un personnage sort de son rôle, cela crée de l’insécurité et provoque soit de l’angoisse, soit de la colère. Comme nous avons des fonctionnements similaires, si l’autre ne veut pas nous indisposer, il va se conformer à l’image que nous projetons de lui.

Ce que nous recherchons le plus dans le comportement de l’autre c’est un reflet, une image de nous-même. Cette image étant active, elle suscite des résonances en nous. Si ce qu’exprime l’autre nous plait, c’est qu’il active une image valorisante de nous et il nous est sympathique. Si au contraire, il fait résonner une part de nous avec laquelle nous sommes en conflit, nous le jugeons. Plus le déni de cette part de nous est important, plus cette part nous est insupportable et plus nous réagissons face à l’autre. Ainsi, ce qui nous déplait chez l’autre n’est que l’image de nous qu’il nous renvoie.

Prendre conscience de ce phénomène et l’interpréter justement, sans en vouloir à l’autre de ce qu’il nous montre de nous, mais en lui étant reconnaissant est une grande chance pour nous. C’est un moyen efficace de se trouver face à nos zones d’ombre et de pouvoir les éclairer. Nous pouvons alors entrer dans l’acceptation de cette part refoulée et blessée, faire la paix avec elle. Evacuer les frustrations qu’elle contient, les névroses qu’elle construit, arrêter le déni de cette part de nous, l’accueillir en conscience. Nous pouvons ainsi éclairer et nous séparer de nos conditionnements, qui sont là et décident sournoisement à notre place de nos attitudes ou même de nos pensées.

Quand se présente la prochaine irritation, le prochain dédain de l’autre, je vous souhaite ce cheminement lumineux, autant dire le meilleur.



12/06/2016
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