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Le chapitre 9 "Lumière"

Pierre s’est petit à petit installé dans le rythme de vie d’un anachorète. Par imitation, le personnage de Pierre est devenu un ermite aux horaires et aux gestes réguliers et précis. Il est dans la peau d’un de ces moines du moyen-âge qui connaissaient la puissance des gestes et l’influence de leur répétition appliquée sur nous. Toute une partie de leur enseignement résidait dans le respect de la règle du silence ainsi que dans celui des horaires stricts et des gestes mille fois répétés dans le même ordre. A l’autre bout de la planète, à leur manière, avec leur caractère, les moines zen ont développé la même approche.

La petite lampe à huile qui restera toujours allumée symbolise que le contact conscient va rester permanent entre une partie de la conscience de veille de Pierre et son esprit. L’esprit ne développera certes pas sa pleine puissance, mais Pierre sentira sa présence en permanence. Il pourra en recevoir les enseignements et les impulsions. Quelles que soient les épreuves et les difficultés à venir Pierre sait cette présence rassurante à ses côtés. Ce chapitre montre que le lien avec l’esprit s’entretient par une volonté constante de garder le contact, de prendre soin à garder cette lumière allumée en permanence. La vie se charge toujours d’apporter les ingrédients nécessaires si notre volonté est orientée dans ce sens.

La perte momentanée de la vue puis son retour dans un temple qu’il avait imaginé être une cathédrale montre le lien puissant de Pierre avec sa culture chrétienne de base. Même s’il recouvre la vue dans une gompa, il reste sensible à la symbolique chrétienne. Il suit ici une première initiation aux influences des couleurs qui étaient très présentes dans les églises au moyen-âge et dont la curée a perdu aujourd’hui le sens. Il ne reste que les vitraux, mais à l’époque, toutes les statues étaient peintes et souvent les murs des églises aussi et ces couleurs avaient de l’importance et un sens profond.

On assiste ensuite à la cérémonie de Losar qui célèbre la naissance d’une nouvelle année, l’apogée des forces spirituelles de transformation. Il s’agit bien entendu de célébrer aussi la naissance du nouveau Pierre. Il a changé de modèle et de but de vie. Il ne désire plus dominer le monde, s’enrichir ou obtenir des pouvoirs. Il ne sait pas encore vraiment ce qu’il désire mais il sait ce qu’il ne désire plus. La seconde partie de son initiation va pouvoir se produire, elle est l’objet du chapitre 10.

Dans les anciennes civilisations, l’initiation était réalisée en deux étapes. La première, dans l’ombre avec un hiérophante qui préparait le futur initié et conditionnait son ego à accepter de subir les transformations à venir. En général l’impétrant n’avait pas conscience de cette première initiation. S’il y réussissait, il était présenté pour la deuxième devant le public de ceux qui étaient déjà initiés, dans le temple. Cette deuxième initiation devant le groupe consistait à faire traverser symboliquement des épreuves à l’impétrant pour lui prouver ainsi qu’au groupe sa capacité à avancer dans le chemin de son évolution.

La présence de Chang, de riz avec des haricots rouges en plus de ses ingrédients habituel du repas de ce jour revêt une symbolique particulière en lien avec l’initiation que vient de suivre Pierre. Il s’agit là d’un symbole commun à toutes les religions. Celui de la dualité, mâle-femelle, homme-femme et du nécessaire équilibre que doit y trouver l’initié en lui. Dans le Pentateuque, la première fois qu’on se réfère à cette symbolique c’est Melchisédech (Shem le fils de Noé devenu roi de Salem) qui pratique en rompant le pain et partageant le vin. Il est roi de paix et de justice, les deux attributs de la position de l’initié accompli : être dans la position juste et en état de paix.

Le blanc du riz est la couleur de l’aspect mâle (couleur de la semence), le rouge des haricots l’aspect femelle (couleur des menstruations). En fait il s’agit de la communion, du mariage de l’esprit et de la matière. C’est le même symbole que le partage du pain et du vin, de la Pâques Juive, de la Cène… De la fête du printemps qui est la même fête que Losar où les couleurs à l’honneur sont le rouge et le blanc. A ce stade de son histoire, non seulement Pierre n’est plus dominé par les pulsions de sa force sexuelle, il y a naissance d’une harmonie entre ses deux tendances apparemment opposées la positive et la négative. Pour l’homme, accueillir sa féminité, pour la femme accepter sa masculinité et pour les deux trouver le bon équilibre entre ces tendances.

C’est dans ce chapitre que Pierre comprend l’essentiel du processus qui l’a conduit ici sans en percevoir ni les motivations ni le sens. C’est là la position caractéristique de l’initié, il a tous les éléments en main, on lui a tout expliqué, mais lui seul doit trouver la clef et ouvrir. Personne ne peut le faire à sa place. C’est sa responsabilité pleine et entière. Un jour, il surmonte ses peurs et sa culpabilité, il passe par le chas de l’aiguille.     



24/09/2015
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