albarede

Ce chapitre correspond à l'enracinement qui est le socle de toute démarche spirituelle. Il démarre par le souvenir de l'échec du passage par la chatière. Il s'          agit là bien entendu d'une allusion au fameux passage étroit, au chas de l'aiguille par lequel il faut réussir à passer.  

Il est évident qu'il n'allait pas s'enfuit par ce clapet, mais c'est à ce moment qu'il accepte sa position de captif et met fin à l'idée de s'enfuir. Il ne laisse plus son ego se disperser, il a enfin intégré qu'il ne le mènerait nulle part. C'est ici qu'il devient capable d'être spectateur de lui-même. Il n'est plus dupe des combines de son mental ni de ses élucubrations dont il fait l'inventaire.

Occuper le mental à sentir sa respiration ou les battements de son cœur est un bon outil pour se diriger vers la paix intérieure. Le flux d'images, se sentiments et de pensées ne trouve plus moyen d'occuper la place centrale, l'attention est occupée ailleurs. Dans un ailleurs proche, immédiat, la vie du corps. La rencontre avec lui-même devient possible quand il cesse de chercher une solution hors de lui. L'incarcération ne lui laisse pas le choix. Personne n'est là pour le conseiller à qui il puisse faire porter le poids de l'échec s'il se produit.

L'absence d'intervention visible autre que celles liées à la survie de Pierre par le gardien le place dans la posture de l'esprit par rapport à nous. Il est présent, mais n'intervient et n'agit que pour nous maintenir en vie. Pierre a transféré sur l'image de Thundup le moyen d'entrer en contact avec son propre esprit. Souvent les hommes ne se sentent pas à la hauteur ou par fausse modestie ne s'adressent pas à leur propre esprit mais à des intermédiaires : maître ou gourou, saint, Dieu... Ceci permet de rendre cet intermédiaire responsable à leur place de leurs errements. Ils ne reçoivent pas assez d'amour, de sollicitudes...

Ce chapitre introduit la légende de Myria "la repentie". Elle est un symbole du sincère repentir de Pierre qui vient de prendre conscience de sa responsabilité dans la souffrance qu'il a par pur égoïsme fait endurer aux autres.

C'est aussi ici que finit la lutte contre les loups qui sont les mauvais penchants de Pierre qu'il cesse de nourrir comme tels mais aussi de sa force sexuelle qui ne sera plus celle qui décide pour lui mais dont l'énergie trouve une autre issue. Après cette transmutation des loups en chiens, Pierre n'a pas encore compris qui est leur maître.

Un nouveau combat commence pour Pierre, l'histoire de Gesar de Ling symbolise la posture nouvelle de Pierre. Il va revisiter sa relation avec tous les ses proches et dialoguer avec eux. Il va leur avouer ses travers, ses motivations, réalisant ainsi un véritable travail de purge neutralisant petit à petit en lui l'effet de ses manquements. On peut ne pas y croire, mais ce travail apaise aussi celui qui est l'objet de l'échange que Pierre fait seul dans sa cellule.

Ce chapitre concrétise le virage de Pierre et son engagement dans la voie, n'obéissant plus aveuglément aux pulsions de son ego pour se mettre à l'écoute de son maître intérieur. Il a assez entendu Thundup parler pour ne plus avoir besoin d'enseignement supplémentaire. Comme lui, nous en savons tous suffisamment pour nous engager et suivre la voie (ou la voix) de la sagesse infinie de notre propre maître, notre esprit.