Le chapitre 2 "Déni et Colère"
Durant ce chapitre, Pierre la vit réaction classique de refus de l'évidence et de la colère liée à la perte d'un proche à qui on n'a pas assez dit qu'on l'aimait ou avec qui on n'a pas purgé un contentieux. Pierre refuse d'endosser la moindre responsabilité sur sa présence dans cette cellule. Il en veut à tous et veut se venger du mauvais tour qui lui est fait.
A l’état brut, Pierre compte sur son ciboulot, sur son ego pour s’en sortir. Il calcule, prévoit, organise sa future évasion. La vie se charge de mettre par terre ce château de cartes et de réduire à néant ces espoirs. Refusant la moindre idée de sa responsabilité, Pierre ne peut rien faire pour se sortir de cette situation. En effet si tout est de la faute des autres, on ne peut rien faire pour corriger une situation qui ne nous convient pas. Par son attitude de déni, Pierre s’interdit toute possibilité d’avancer vers une solution à son problème.
Il cherche comment se venger avant même d’avoir compris comment il est arrivé là. La colère qu’il nourrit est la plus mauvaise conseillère qui soit. Il n’y a pas de juste colère, c’est un feu dévorant qui pour s’alimenter n’hésite pas à travestir les faits, à détourner la réalité à son avantage. Même motivée par un besoin de justice, elle pousse à l’outrance et ne conduit qu’à une autre forme de justice, la colère est mauvaise conseillère. Les victoires obtenues sur les autres par la colère ou par la force sont de grandes défaites sur nous-même. La manipulation mesquine n’est pas plus glorieuse. Respectons l’autre pour qui il est et respectons-nous pour qui nous sommes, ne masquons pas nos motivations.
La colère et la manipulation sont l’expression de notre volonté de toute-puissance sur le monde et sur les autres. Pierre est complètement englué dans cette posture de roitelet à qui tout est dû, il est l’esclave de son ego en pensant assujettir les autres. C’est là la racine de son insatisfaction chronique, de son impression de manque permanent, de son besoin de se rassurer en dominant les autres.
La présentation de l’état corrompu du Cachemire est une projection symbolique de l’état de corruption intérieure de Pierre qui ne pense qu’à son profit de court terme et à la satisfaction de ses envies immédiates, de son besoin de possession des autres et de ce qu’ils ont. Pierre ne respecte pas les règles communes, y compris celles qu’il édicte lui-même. Il n’a aucun scrupule et tout le monde le sait et s’en accommode. On le déteste, mais on admire sa capacité à s’imposer et à tirer parti, d’orienter à son avantage exclusif toutes les situations.
Ce chapitre montre comment Pierre n’a jamais hésité à contraindre les autres, à leur mentir, à les manipuler, à les spolier de leurs réussites pour se les attribuer. Il décrit l’emprise extrême de l’ego et ce à quoi elle conduit. On en est au tout début du travail de deuil que Pierre doit réaliser ici pour transmuter sa personnalité, réformer son ego. Les réflexes, les impulsions seront toujours là, mais le travail du disciple est de mesurer par avance la direction à donner pour qu’elles restent des pulsions de vie et ne deviennent pas par erreur des pulsions de mort. Contrairement à ce que disent certaines théories, l’homme n’est pas naturellement émetteur de pulsions de vie et de mort. Les pulsions initiales ne sont que des pulsions de vie. Nos habitudes et nos clichés leur donnent une voie pour se manifester qui peut les conduire à prendre l’apparence de pulsions de mort.
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