« Ecoute, et grave bien en ton cœur mes paroles : ferme l’œil et l’oreille à la prévention ; crains l’exemple d’autrui ; pense d’après toi-même. » Pythagore – Vers dorés
Voici un conseil du maître qui peut paraître paradoxal ou même opposé à sa doctrine. Certains peuvent y comprendre le contraire de ce qu’il enseigne. Il y a là pourtant une profonde sagesse. Pythagore demande à son disciple de mobiliser ce qu’il y a de plus haut chez lui en chaque instant, en chaque acte.
L’erreur de compréhension si elle existe vient de l’identification de la part de nous-même à écouter. Il ne s’agit pas de l’ego ni de ses caprices, pas de nos penchants à la sympathie ou à l’antipathie. Il est fait appel ici à notre être profond (esprit, maître intérieur, conscience, Soi…) dont nous devons apprendre à repérer la manifestation et à suivre les aspirations.
La prévention, l’éducation, les règles de morale sont un ensemble de concepts mouvants, parfois positifs, souvent douteux qui permettent le vivre ensemble en société sans se poser trop de questions sur les conséquences de nos actes. Un jour, ici l’esclavage est naturel, l’autre il est condamnable, mais toujours en place ailleurs sans choquer la morale locale. Il en est de même pour la place de la femme, qui va de la soumission aux hommes de sa famille à la reconnaissance de sa pleine et entière place d’individu autonome et respectable. Pour Pythagore, on doit développer notre propre discernement sans s’opposer frontalement aux règles sociales, mais en étant conscients de leurs limites et de leurs effets nocifs possibles.
De même l’expérience des autres les concerne mais ne doit pas être forcément suivie. Nous pouvons bien entendu l’observer, y voir ce qui présente un intérêt pour notre chemin. Pour autant, nous ne savons rien ou si peu des motivations profondes des autres et des effets réels de ces exemples. Le plus sage est de ne pas en faire trop vite un modèle, gardons le lien avec notre être intérieur qui sait ce qui est bon pour nous et nous avertit toujours des conséquences prévisibles de nos actes.
Ainsi donc penser d’après soi-même revient à se mettre à l’écoute des pulsions qui précèdent la parole ou l’acte par lesquelles notre être intérieur nous prévient de la direction que nous prenons mais nous laisse toujours libre de nos choix. Il est dans cette neutralité qui lui fait accepter de la même manière nos décision, quelles qu’en soient les conséquences prévisibles pour lui. L’état de conscience est déplacé, il ne « mouline » pas dans les projections mais observe le présent ici et maintenant, ne s’occupe ni du passé ni des autres. Il regarde avec bienveillance la vie qui s’écoule en nous dans l’éternité de l’instant présent. Il est dans la pleine présence.
Pythagore nous incite à nous placer en ce lieu de notre être où règne en tout temps la paix et l’harmonie. Libre à nous d’en sortir pour suivre le tourbillon de nos penchants et nos envies ou au contraire d’y rester et d’observer la simplicité de la vie.
En ce joli jour, je vous souhaite de penser par vous-même, autant dire le meilleur.
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