“C'est le fait d'un ignorant d'accuser les autres de ses propres échecs ; celui qui a commencé de s'instruire s'en accuse soi-même ; celui qui est instruit n'en accuse ni autrui ni soi-même.” Epictète
Comme toujours avec Epictète, tout est dit de manière précise, claire et limpide. Trop peut-être pour être apprécié car il ne prend pas de gants et ne perd pas de temps à négocier avec nos égos, avec notre orgueil. Il est en effet agréable de trouver des responsabilités extérieures à nous pour expliquer nos échecs, la faute d’un autre, les circonstances, la société… Cette attitude interdit toute compassion et toute fraternité entre les hommes, car responsable implique coupable et réparation de la faute. Cette attitude puise son origine dans notre volonté de toute puissance. Nous voulons décider de tout et surtout toujours avoir raison.
La première démarche spirituelle consiste à regarder en soi, ce que nous avons fait pour permettre cet échec. Comment nous avons entravé le processus, finalement comment nous nous y sommes pris pour ne pas aboutir à notre objectif sans impliquer les autre sinon pour considérer qu’ils ont été les instruments de ce que nous avons seuls provoqué. Il s’agit là d’un exercice salutaire qui met à mal notre ego s’il n’y est pas préparé. L’image qu’il veut donner de nous risque d’être écornée si nous admettons une part de responsabilité. Pourtant c’est la seule issue, ce n'est qu’en acceptant notre pleine et entière responsabilité que nous pourrons analyser le processus qui a conduit à l’échec et éviter le suivant.
L’analyse de l’échec peut aussi consister à vérifier en quoi cet échec en est un dans la mesure où il a été source d’enseignement et qu’il nous a aidé à comprendre mieux qui nous sommes. Il nous a fait avancer dans la conquête de notre territoire intérieur. Il a éclairé une zone d’ombre en nous qui de ce fait ne l’est plus. Il s’agit là d’une vérité absolue, tant que nous refusons de regarder l’ombre en nous, nous stagnons et elle nous domine. Si nous acceptons de la regarder, de l’éclairer, elle disparait d’elle-même comme l’obscurité disparait lorsque le soleil se lève. Il n’y a rien à faire, juste éclairer sans juger et l’ombre se dissipe.
Cette posture sincère envers soi-même, donc envers les autres dissipe le malentendu qui règne entre notre être intérieur et notre ego. Il n’y a plus besoin de lutter contre soi. L’épuisement cesse, nos énergies ne sont plus dispersées, ni utilisées contre nous. Le courant de vie s’écoule harmonieusement et on prend conscience que l’échec n’existe pas, que tout est juste et se présente à point. La seule condition est de cesser ce combat inutile contre nous, contre l’autorité, d’accepter la vie. Car en fait cette autorité puissante contre laquelle nous sommes en révolte, c’est le courant de vie. La propre source de vie qui nous maintient dans son amour inconditionnel, y compris quand nous l’utilisons pour lutter contre elle. Il serait tellement simple de ne plus vouloir briller, de ne plus se battre.
En ce joli jour, je vous souhaite d’arrêter le combat, autant dire le meilleur.
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